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France-Clichy-La-Garenne : Islamophobie banalisée ou échec de la République ?

«La République doit, en réalité, garantir le libre exercice du culte», souligne David Nakache, président de l’association «Tous citoyens».

 


Les «prières de rue de Clichy-La-Garenne » ont bien marqué les débats publics en France, il y a quelques semaines. Et l’affaire est loin d’être close.

L’Islamophobie est devenue comme une maladie chronique qui ressurgit à chaque fois sous de nouvelles formes.

L’affaire remonte au mois de mars dernier, lorsque l’association qui gérait la mosquée de Clichy-La-Garenne était expulsée de son local.

Le bail qui lui permettait d’occuper le bâtiment municipal n’a pas été renouvelé par le maire LR (Les Républicains), Rémi Muzeau, à son terme en 2015.

Le tribunal administratif avait, alors, ordonné l’expulsion de la mosquée en août 2016, avant que le Conseil d’Etat ne confirme cette décision en novembre 2016.

Comme le rappelle le site d’information “AlKanz”, le renouvellement de ce bail, faisait partie des promesses de campagne de Rémi Muzeau qui s’était engagé lors d’un discours filmé le 7 septembre 2015 «à faire voter en tant que maire, les projets de bail emphytéotique».

Les Musulmans de Clichy, privés de lieu de culte, ont dès lors, pris la décision, pour protester, d’organiser leurs prières devant la mairie de la ville, chaque vendredi.

Depuis mars jusqu’à novembre, ces prières ont été faites sans aucun incident, encadrées par la police.

Or, le vendredi 10 novembre, alors que les fidèles priaient dans la rue, des élus de droite et d’extrême droite, avec en tête Rémi Muzeau, maire de Clichy La Garenne, ont organisé une manifestation au même endroit en guise de protestation.

Déterminés à perturber la prière du vendredi, les manifestants se sont mis à chanter la Marseillaise, pour casser l’appel à la prière, après avoir déployé une banderole «stop aux prières de rue illégales».

Ils ont, ensuite, été au contact des prieurs, provoquant bousculades et chutes.

C’est évidemment un sujet électrique dans l’hexagone, où chaque polémique qui touche de près ou de loin à l’islam, provoque une hystérie politique et médiatique incontrôlable.

La présidente LR de la région Ile de France, Valérie Pécresse qui a, elle-même, participé à la provocation, a d’ailleurs estimé qu’«on ne peut pas accepter que l’espace public soit ainsi occupé».

L’avocat parisien Asif Arif, spécialiste des libertés publiques a publié un livre dont la préface a été rédigée par Nicolas Cadène et Jean-Louis Bianco, respectivement rapporteur et président de l’Observatoire de la laïcité.

Il estime que «beaucoup de maires de droite ont fait des promesses aux associations musulmanes pour récupérer l’électorat de gauche».

– Un fonds de commerce ultra rentable

S’agissant du sujet de la laïcité qui a été mis en avant par ceux qui protestent contre les prières de rue, Me Arif rappelle, à juste titre, que «la laïcité n’a rien à voir avec ça. La question des prières de rue relève de l’ordre public».

Le jeune avocat estime que «s’il y a un problème d’intégration en France, il est abordé de la plus mauvaise des manières par certains élus», évoquant ensuite l’ex-premier ministre Manuel Valls «qui donne constamment son avis, alors que sa position sur la laïcité a été retoquée».

De son côté Jean-Louis Bianco, qui s’est exprimé au micro d’Europe1, a tenu à mettre en garde en déclarant qu’«il ne faut ni l’islam des rues ni l’islam des caves. Il faut un islam qui ait sa place, parce que la liberté de culte fait partie de la laïcité pour eux comme pour les autres».

Les prises de position, visant à condamner l’attitude des élus de droite et d’extrême droite dans l’affaire des prières de rue de Clichy-La-garenne, se multiplient.

Yasser Louati, militant des droits humains et des libertés publiques estime que «la provocation vient des élus LR en pleine période d’élections internes». Au cours d’un entretien accordé à Anadolu, il a déploré que «ces élus courtisent les musulmans à l’échelle locale avant de les jeter en pâture à l’échelle nationale».

Comme beaucoup de militants, Yasser Louati estime, notamment, que « l’islamophobie est un fonds de commerce ultra rentable politiquement et médiatiquement» et se demande si «les musulmans n’en ont pas assez d’être les perdants d’un système clientéliste qui les dépasse».

L’ex porte-parole du Collectif contre l’Islamophobie en France prévient que : «si la laïcité est prise en otage par des imposteurs, il est plus qu’urgent pour les musulmans d’agir et d’organiser leur autonomie dans la gestion de leurs lieux de culte».

Et justement, l’autonomie, est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois.

A Nice notamment, où l’une des rares mosquées autonomes, qui ne soit pas tributaire d’un bail municipal, est en proie à l’acharnement du maire LR Christian Estrosi qui tente désespérément de s’accaparer le bâtiment de la mosquée En-Nour pour en faire une crèche.

Un fidèle niçois s’est confié à Anadolu en exprimant son inquiétude. «Ici, le maire veut nous prendre notre mosquée alors qu’elle n’est pas à lui, alors qu’à Clichy, ils ont repris le bâtiment. Où qu’on aille ils veulent nous mettre à la rue finalement », a-t-il déploré.

David Nakache fait, lui aussi, partie de ces voix qui s’élèvent régulièrement contre la stigmatisation des minorités. Il est président de l’association «Tous citoyens», qui lutte, notamment, contre toutes les formes de discriminations.

Il déplore que «l’épineuse question des prières de rue» soit «un constat d’échec», puisqu’elles sont la preuve que «la démocratie n’a pas fonctionné si les citoyens ne peuvent pas pratiquer leur culte dignement».

S’agissant de la manifestation organisée par les élus LR et d’extrême droite, le militant associatif, a réagi en estimant que «les élus qui stigmatisent des fidèles, ne font qu’instrumentaliser la question de l’Islam».

Il affirme que : «Ces élus qui tentent de dresser la République contre la religion musulmane, en mettant en opposition la Marseillaise, à l’appel à la prière, alors que la République doit en réalité garantir le libre exercice du culte».

Qui doit, donc revoir sa copie : les musulmans contraints à prier dans la rue, ou les “Républicains” qui chantent la la Marseillaise?

AA/la source /Fawzia Azzouz

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